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Publication 27 janvier 2020

Quand la Chine tousse, l’Europe et les Etats-Unis s’enrhument …

Quand la Chine tousse, l’Europe et les Etats-Unis s’enrhument …

Shanghai, 27 janvier 2020

L’épidémie de coronavirus se propage en Chine et les autorités chinoises sont bien décidées à prendre les mesures nécessaires pour l’enrayer dès que possible et au mieux. Les leçons de 2003 avec le SARS ont été prises, le gouvernement central chinois collabore étroitement avec des institutions internationales comme le WHO pour une meilleure transparence sur la nature du virus et les moyens de l’endiguer. Cette épidémie donne aussi l’occasion au président Xi Jinping de montrer que la Chine est en capacité de contenir une épidémie et de mettre en place les dispositifs les plus absolus pour arriver à une limitation au mieux de cette catastrophe sanitaire.

L’épicentre, Wuhan, est donc mis en quarantaine, les aéroports et les gares sont fermés. Personne ne rentre ni ne sort de cette ville de plus de 11 millions d’habitants. Des barrages routiers sont installés à Wuhan avec un contrôle de température pour chaque passager à l’entrée de Shanghai.

Le gouvernement chinois en mode de gestion de crise communiquait avec prudence légitime au début, il livre maintenant progressivement plus d’informations avec des recommandations de plus en plus restrictives : le 27 janvier au matin, le State Council publiait une notification pour étendre les congés du nouvel an chinois au 3 février, invitant ainsi la population à rester chez elle et à ne pas se déplacer pour travailler.

Cette notification indique aussi que les entreprises devront supporter les coûts afférents à cette extension obligatoire.

Dans l’après-midi, par précaution, la municipalité de Shanghai émettait une nouvelle annonce pour prolonger les congés au 9 février et Suzhou, une des grandes villes industrielles de Chine à proximité de Shanghai, a indiqué une prolongation jusqu’au 8 février. Les conditions particulières de cette extension seront confirmées dans les jours prochains. Dans tous les cas, l’absence au travail ne pourra pas être considérée comme une faute grave donnant lieu à un licenciement et si les congés sont bien confirmés, ils resteront à la charge de l’employeur. Une éventualité de travailler à distance est encore en cours de réflexion.

Les autorités de Shanghai ont également recommandé à toutes les écoles dont les lycées internationaux de fermer leurs portes jusqu’au 14 février.

En ce qui concerne les entreprises, tout secteur d’activités confondu, c’est une situation extraordinaire dont l’impact économique reste difficile à quantifier mais certainement substantiel. La force de l’impact sera soumise à la valeur temps et à la couverture géographique. Certaines bourses financières ont dévissé pour refléter une inquiétude grandissante, mais si un tel phénomène émergeait ailleurs dans le reste du monde, cela aurait peut-être des conséquences financières et sanitaires plus importantes. Pour les entreprises, cette épidémie pourrait rentrer dans la classification de la force majeure. Cela signifie concrètement qu’il leur faudra se reporter à leurs contrats commerciaux et vérifier la clause qui stipule laquelle des deux parties en supportera principalement les frais.

Les contrats de sous-traitance et de production vont devoir être revus avec diligence pour vérifier l’application de la clause de force majeure et les conséquences éventuelles.

Il est à prévoir un bras de fer commercial entre les sociétés productrices qui vont négocier avec leurs clients l’acceptation de commandes préexistantes sans frais de retard dans le meilleur des cas, voire imposer une renégociation des contrats initiaux avec des prix d’achat revus à la hausse pour atténuer l’impact social de cette épidémie. Il peut être à craindre que certains contrats soient annulés et que ces clients se tournent désormais vers des producteurs, sous-traitants ou prestataires basés hors de Chine dont l’économie est peu ou pas impactée par le coronavirus.

Toute entreprise ayant une implantation en Chine ou en lien commercial avec des entreprises chinoises, va certainement subir des conséquences financières directement liées à l’épidémie, cela est d’autant plus vrai pour les entreprises qui auraient dû bénéficier de l’accord commercial préliminaire signé entre la Chine et les États-Unis une semaine avant la confirmation de l’épidémie : retards ou annulations de livraison, chaines de logistique enraillées, sites de production arrêtés, secteur tertiaire ralenti.

Pour toutes les entreprises basées en Chine, il y a d’ores et déjà un impact social. Les employés ne reviendront pas travailler avant le 3 février, voire le 8 ou le 9 février pour certains. Les employeurs en supporteront la charge. Si des conditions d’aménagement de travail peuvent être mises en place dans les secteurs de trading ou de service, cela paraît tout de même plus compliqué pour les usines.

Dans tous les cas, cette épidémie va avoir un impact sur la balance commerciale de la Chine. La capacité de reprise dépendra de la durée de la crise.

Fanny Nguyen
LPA CGR Shanghai Representative Office